Quand dans le quotidien déjà un peu tangent de la narratrice s’immisce le massacre de ses amis de « Charlie hebdo », elle tangue, elle gîte. Le chaos n’a alors pour elle que le seul mérite d’éclaircir son brouillard. « Calme et tranquille » est la trace de cette expérience absurde.
Avant d’obtenir le Renaudot pour « le Sillon », Valérie Manteau se faisait discrètement remarquer avec « Calme et tranquille » aussi délicat que terrifiant. Une analyse juste non seulement de cette saloperie fasciste moyenâgeuse qui assassine l’impertinence et l’humour, mais aussi de la couardise collabo, qui n’en pense pas moins, de tous ceux qui jugent qu’à Charlie Hebdo, « ils l’ont bien cherché ».
Et enfin : comment se reconstruire après et avec ça ? « Calme et tranquille » a la même force et les mêmes larmes que « La légèreté » de Catherine Meurisse.
Et quand on referme ce livre, l’on semble entendre encore et encore le répondeur de Charb le 7 janvier 2015 sans qu’il ne décroche. Ou voir le petit perroquet du dessin d’Honoré, répétant « à bientôt… à bientôt… » avant de conclure : « J’espère ».
Christophe
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