La narratrice, française, vit à Istanbul où elle retrouve son amant, avec qui ça tangue un peu. A travers l’enquête qu’elle mène sur Hrant Dink, journaliste d’origine arménienne assassiné en 2007 par un jeune nationaliste turc, c’est tous celles et ceux qui luttent encore dans la Turquie de Recep Tayyip Erdoǧan pour leur liberté d’expression qu’elle va nous faire découvrir : Kurdes, Arméniens ou simplement des Turcs démocrates, auteurs, journalistes et autres.
Ce roman (récit ?) de Valérie Manteau place le lecteur français face à des questionnements capitaux qui le concernent au premier chef. Ayant travaillé pour Charlie Hebdo, l’auteure est en effet très bien placée pour illustrer cette vague autoritaire et réactionnaire, populiste, qui ronge les démocraties en ce début de XXIe siècle. Entre l’autocensure comme en France ou la répression et l’emprisonnement comme en Turquie, c’est au final cette même porte ouvert à l’exaction, l’assassinat ou la menace qui se profile.
« Le sillon » en est à la fois un rappel exemplaire et un portrait magnifique et émouvant du militantisme éclairé à l’esprit des Lumières. L’écriture est fine et agréable. Un des romans les plus forts de 2018, de toute évidence.
Christophe
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