Buchet Chastel
New York se remet tant bien que mal du 11-Septembre. Dans ce livre, il s’agit aussi de deux trajectoires qui vont très vite se croiser et se percuter.
Tout d’abord : Zou Lei, émigrée clandestine ouïghour qui enchaîne les boulots de bagnards où le silence tient lieu de droit du travail.
Et : Brad Skinner, tout juste vétéran d’Irak. Ce qu’il ramène dans ses bagages tient lieu de folie et de perdition.
Les deux vont donc se croiser, et si l’on peut penser dans un premier temps que c’est notre grand costaud de Skinner qui prend la petite Chinoise sous son aile, on se rend vite compte que c’est l’inverse qui est vrai tant l’une se bat tandis que l’autre se perd entre ses médocs, ses souvenirs et un pays qui se fout de lui comme de son premier GI.
Ils vont naviguer au milieu du petit peuple de New York. Se battre, s’abandonner, s’aimer, se haïr. La description que fait Atticus Lish dans ce premier roman des laissés pour compte, les loups, les bandits, les profiteurs, toute cette Amérique invisible, et pourtant de toutes les couleurs, une Amérique qui n’en finit pas de crever dans son coin, est ahurissante de puissance. Les presque 600 pages de ce livre sont un véritable choc de lecture, d’une densité d’autant plus forte qu’elles évitent les écueils et les clichés. On se passionne pour ces deux paumés, magnifiques d’imperfection, de violence, de persévérance : d’humanité. Le titre original de « Parmi les loups et les bandits » est « Preparation for the next life » (« Préparation pour la prochaine vie ») : n’y avait-il vraiment rien à faire dans celle-ci pour Brad et Zou Lei ? Le constat est terrible, l’écriture intense. Que demander de mieux à la littérature contemporaine ?
Christophe
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