Albin Michel
Joann Sfar a perdu son père il y a deux ans. Ce livre est en quelque sorte un hommage. Il va être l’occasion pour l’auteur de revenir sur le décès de sa mère lorsqu’il avait trois ans et demi, le mensonge de sa famille qui lui a soutenu qu’elle était partie en voyage, ses souvenirs d’enfance auprès de ce père, grand avocat niçois qui s’est réfugié dans la religion au décès de sa femme, ses interrogations sur la religion, les liens paternels, le deuil, l’amour.
Bref. C’est Joann Sfar. Sans dessin. La multitude des thèmes abordés relève plus de questionnements que de vérités. L’auteur doute beaucoup, de plein de choses. Il partage ses points de vue avec son lecteur, il raconte ses périodes douloureuses (pour essayer de vivre mieux avec ?), la peur qu’il avait de son père, pour tenter de comprendre ce qu’il est devenu aujourd’hui.
Ce qui pourrait être vu par certains comme un déballage de sa vie se révèle être un livre honnête parfois émouvant, parfois très drôle, qui nous renvoie à un certain nombre d’interrogations notamment sur notre construction individuelle. Quels événements et détails de notre vie nous ont permis de devenir ce que nous sommes ?
Ceux qui s’arrêteraient au simple fait que ce livre est une autobiographie rateraient, à mon sens, une partie essentielle, celle qui nous concerne tous.
Le seul regret que j’ai en fermant ce livre, c’est de ne pas pouvoir continuer la discussion. 150 pages pour tant de choses, ça passe très (trop ?) vite…
Joann Sfar, habituellement plutôt auteur de BD (lisez les excellentes séries « Le chat du rabbin » et « Socrate, le demi-chien »), fait partie de ces auteurs intelligents et fins qui ont le pouvoir de nous faire s’interroger.