Avec : Loubna Abidar, Asmaa Lazrak, Halima Karaouane
Noha, Randa et Soukaina se prostituent à Marrakech. Leur quotidien se fraie un passage tortueux, étroit et dangereux entre les passes, le rejet hypocrite de leurs familles et la difficulté de joindre les deux bouts financièrement. Malgré tout, elles tentent de rester solidaires et fortes au possible.
A travers cette photographie contemporaine du Maroc interlope, Nabil Ayouch vise là où ça fait mal : l’imposture d’une société qui se veut morale en apparence et dont l’essence même permet à des salopards de tous horizons (princes capitalistes saoudiens ou sommités néocoloniales françaises) d’assouvir leurs fantasmes pervers et aux gardiens de la vertu de bien se voiler la face, au sens propre comme au figuré, pendant que leurs filles morflent pour survivre.
Des femmes magnifiques et intenses, de simples gamines parfois, en première ligne d’un champ de bataille où frustration sexuelle, vissée au cafard comme un bulot à son rocher, et féodalité sont les alliées de partout et de toutes époques de l’exutoire masculin.
Les « Mille et une nuits » ont la gueule de bois sous l’œil de la caméra de Nabil Ayouch. Un film très fort, vous l’avez compris, mais aussi très beau. Comme quoi.
Christophe