Avec : Antonythasan Jesuthasan, Kalieaswari Srinivasan, Claudine Vinasithamby
Dheepan, soldat au Sri Lanka veut fuir la guerre de son pays. Il s’associe à Yalini, qui se fait passer pour sa femme et une jeune orpheline, Illayaal, pour jouer le rôle de leur fille et ainsi reconstituer une famille d’apparat afin de faciliter leur départ pour l’Europe. Réfugiés en France, ils se retrouvent perdus au milieu d’un quartier bien bien « sensible », comme on dit. Ces trois-là vont tout subir : d’abord apprendre à cohabiter ensemble, mais aussi la barrière de la langue et bien entendu le choc culturel au milieu des gangs de la cité (« tout ça pour arriver au milieu de ces malades ! » semblent-ils penser). Dheepan se retrouve gardien d’immeuble, Yalini fait des ménages et la petite Illayaal commence l’école complètement paumée. Bon an mal an, tout semble se mettre en place.
C’était un vrai bon sujet pour Audiard, réalisateur assez phénoménal et aussi créatif et à l’aise dans des films aussi différents que « Un prophète », « De battre mon cœur s’est arrêté » ou encore « De rouille et d’os ». Pas de bol, il se prend ici un peu les pieds dans le tapis. La première partie est réussie et notamment le départ du Sri Lanka, le voyage et l’arrivée en France chez les extraterrestres : tout ça pouvait tenir lieu de sujet unique du film. Mais Audiard, lui, ce qui l’intéresse visiblement, c’est le conflit inévitable entre Dheepan, qui fuit la guerre, et les malfrats qui en mènent une autre en mettant la cité sous leur coupe. Et malheureusement il se plante un peu. Là où il excellait à faire monter la tension dans ses films précédents, il n’enchaîne que scènes d’actions un peu gênantes où Dheepan, qui a vraiment les nerfs, règle le problème des banlieues à lui tout seul. Un acteur qui illustre cette césure entre les deux parties du film est Vincent Rottiers, que j’aime bien en petit gangster assez confus, et complexe, voire attachant au début, et que son rôle lui fait ensuite faire un peu n’importe quoi.
Et que penser de cette dernière scène ? Vous m’en direz des nouvelles. Mamma mia.
Le thème des réfugiés, pour brûlant qu’il soit en 2015, a bizarrement trouvé un ambassadeur confus en la personne de Jacques Audiard. Et c’est à la fois une mauvaise surprise et donc, pour le coup, une déception. A voir ne serait-ce que pour la première heure, qui est reste intéressante.
Christophe