Fayard
Souvenez-vous en 1992, les policiers qui ont tabassé Rodney King sont acquittés. Suite à ce verdict humiliant et raciste, s’en sont suivis six jours d’émeutes et de pillages qui embrasèrent Los Angeles. Six jours durant lesquels toutes les forces de police, locales ou fédérales, et militaires ainsi que pompiers, ambulanciers et autres services d’urgence, sont monopolisés sur ce chaos. Ce qui laisse la majeure partie de la ville sans protection… une aubaine pour les gangs fous furieux de Lynwood.
Ryan Gattis choisit de nous faire vivre ces six jours en périphérie, ce qui est paradoxalement une excellente idée pour se rendre compte de manière beaucoup plus intense de l’anarchie qui régnait alors. Avec autant de narrateurs qu’il y a de chapitres dans le livre, nous vivons de l’intérieur l’escalade de violence provoquée par l’enchaînement de meurtres et de vengeances entre deux gangs.
Je n’ai pas pris la claque annoncée à grands cris dans la presse à propos de « Six jours ». Non ce roman n’a malheureusement ni la force stylistique d’un Ellroy, ni la profondeur de « The Wire », la série mythique de David Simon (références les plus lues). Gattis abuse (traduction bâclée ?) de tics de langage et certains de ses personnages en pâtissent clairement.
Mais, il faut le reconnaître, on plonge dans cette histoire sans aucun problème et elle nous touche facilement, certaines scènes sont particulièrement réussies. Ryan Gattis sait visiblement y faire. Mais ça ne suffit bien évidemment pas à faire de « Six jours » un grand roman américain comme on aurait souhaité qu’il soit.
Sur le même procédé, mais en plus gonflé, et toujours à propos de Los Angeles, j’avais préféré le formidable « L.A. Story » de James Frey.
Christophe
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