Gallmeister
Steve Kazmierczak a 27 ans lorsqu’il ouvre le feu dans un amphithéâtre de la Northern Illinois University le 14 février 2008 faisant cinq morts et une vingtaine de blessés avant de se donner la mort. Quel est le parcours de ce garçon ? Dans quel environnement a-t-il grandi ? Qui sont ses connaissances ?
David Vann revient sur ce fait divers presque banal aux Etats-Unis en menant une enquête minutieuse lors de laquelle il recueille de nombreux témoignages des proches de Steve, il fouille les divers comptes-rendus de la police et des experts médicaux. Même si ce livre est construit comme un roman, il s’agit, à mon sens, d’un documentaire qui fait froid dans le dos.
En refermant ce livre, on s’interroge forcément : comment personne n’a-t-il pu rien voir ? Quel a été l’élément déclencheur d’une telle folie ? Comment, dans un pays où la détention d’armes à feux est une des libertés fondamentales, un enfant se construit ?
Sujet que l’auteur souhaitait aborder pour mettre en perspective son propre parcours. Enfant solitaire et introverti élevé par un père et un oncle chasseurs qui l’initient dès son plus jeune âge à l’art (et aux rituels) de la chasse. La possession d’armes est d’ailleurs présente dans tous ses ouvrages, preuve que c’est un sujet qui le questionne fortement.
David Vann dénonce cette Amérique qu’il rejette, la propagande autour des armes à feu et les failles évidentes d’un système de santé incapables de suivre les gens atteints de maladie psychologique.
Un excellent livre qui n’est pas sans rappeler la BD de Derf Backderf, « Mon ami Dahmer », et le film de Gus Van Sant, « Elephant ».