Grasset
Un jeune homme britannique arrive à Bucarest prendre ses fonctions de professeur, poste pour lequel il n’a soutenu aucun entretien. C’est le début de sa découverte de l’univers ubuesque des derniers instants de la Roumanie de Ceausescu. Accompagné de Léo, collègue souvent imbibé et très intégré dans le marché noir qui lui ouvre beaucoup de portes, notre ami va dériver, le plus souvent passivement, dans des situations incroyables, souvent risibles et ridicules si elles n’étaient pas tant dangereuses voire violentes.
Le lecteur se retrouve littéralement plongé dans cette Roumanie de fin de règne, dernier pays de l’Est à s’accrocher à son régime glaçant et consternant. Une vue de l’intérieur (qui m’a souvent fait penser à la magistrale BD Pyongyang de Guy Delisle) formidable de réalisme (l’auteur Patrick McGuinness a lui-même connu ce pays à cette époque) où l’on vit au jour le jour, heures par heures parfois, l’implosion de ce pays et ce pouvoir surréalistes ; une déflagration sur laquelle même les Roumains n’auraient pu parier quelques semaines auparavant.
Un livre vraiment extra, où chaque personnage devient un ami. Des gens dont une jeune femme très influente va demander à notre professeur amoureux de dissocier les actes des personnes elles-mêmes. Sous peine, sinon, d’être en révolte permanente. Une révolte stérile et finalement injustifiée. Ce qui montre bien la complexité de la situation.
Un grand roman très bien écrit, gonflé, terrible et drôle, qui évite tous les écueils. Un futur grand écrivain ? A suivre.
Christophe
retour à la liste de conseils romans