Gallimard
Vous avez lu « Pays perdu » de Pierre Jourde ? L’auteur y décrivait un petit village auvergnat où il a vécu de nombreuses années enfant et même adulte. Une description pas piquée des vers comme on dit, à l’os, s’aidant d’un vocabulaire riche et coloré pour retranscrire combien ce pays et ses habitants l’ont marqué viscéralement. Mais c’était bien, malgré ce style direct, un hommage.
Arriva ce qui devait arriver : un bon gros malentendu. Les locaux ont bien mal pris ce livre qu’ils n’ont d’ailleurs pas forcément lu. Mais comme ils en ont entendu parler, et que la parole quand elle passe de bouches à oreilles avec pas plus de discernement que n’aurait une poule béquetant un ver, elle s’amplifie, sans barrières, sans garde-fou, pour alimenter une paranoïa collective qui rend… très bête et méchant. Pour ne pas dire autre chose.
A son retour, Pierre Jourde et sa petite famille (compagne et jeunes enfants) ont pris des cailloux sur la tête. Violence, dépôt de plainte, procès.
C’est tout ça qu’il raconte dans « la première pierre ». Analyse subtile (parfois compliquée, faut s’accrocher), compréhensive, et je pense plutôt honnête car essayant de saisir ce qui a alimenté ce terrible malentendu de toutes parts. Mais par contre, et il faut le savoir, Pierre Jourde ne pardonne pas.
Incommunicabilité. On ne se parle pas, on ne cherche pas à comprendre. Est-ce symptomatique d’un monde, d’une époque ou est-ce tout simplement très humain ? L’un dans l’autre, c’est dramatique et inquiétant.
Christophe
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