Points
Jonathan, jeune romancier juif américain, débarque en Ukraine avec une photo de son grand-père et une jeune femme datant de la Seconde Guerre Mondiale, époque où il ne faisait pas bon d’y être Juif. Il veut rencontrer celle qui l’aurait sauvé et permis de fuir aux États-Unis. On a déjà lu des histoires similaires (fictives ou récits, lisez Les Disparus de Daniel Mendelsohnn) mais là, Safran trompe le monde car, finalement, il s’agit autant de lui et de son histoire que celle de la famille qui va l’accueillir : Alex, le traducteur qui a quelques progrès à faire en Anglais, son grand-père taciturne, bourru et qui n’a visiblement pas tout réglé avec ses souvenirs de guerre, et leur chien envahissant, le fameux Sammy Davis Junior, Junior.
On découvre alors, chamboulés dès les premières pages une comédie absurde et carrément drôle (le vocabulaire d’Alex est incroyable… énorme travail de traduction pour rendre explicite ce décalage qui logiquement ne fonctionne qu’en VO), avec quelques scènes d’anthologie (le chien dans la voiture, l’apprentissage du végétarisme au restaurant), et qui, petit à petit, semble se rappeler à son sujet d’origine pour retrouver cette période complexe et terrifiante où le moindre Ukrainien a pu être un bourreau ou un héros anonyme.
Jonathan Safran Foer a 25 ans quand il écrit ce roman gonflé, drôlissime et terrible. Genre de bouquin épais qui part dans tous les sens, frôlant le loufoque et visitant les heures les plus sombres de l’histoire des Juifs d’Europe centrale.
Christophe
retour à la liste de conseils romans