Flammarion
Comment écrire sur une faillite amoureuse en plus de deux pages et demie sans lasser son lecteur ? Pas simple. Voici la méthode Grégoire Bouillier qui, avec les 1700 pages des deux volumes du « Dossier M », y arrive à la perfection. Oui, Grégoire tombe éperdument dingue de la fameuse M, et non, leur histoire ne sera pas « consommée », comme on le dit joliment. Il en prend donc pour dix ans de purgatoire. Mais au bout du compte, il y a quand même un type qui se pend parce que Grégoire a couché avec sa femme.
Oh là là, mais qu’est-ce que c’est que ce machin ?
Une seule chose : soyez insouciant ! Car « Le Dossier M » se vit avant de se lire. Comme si vous étiez au bistrot à écouter un ami refaire le monde autour d’un verre et d’une coupelle de chips. C’est une digression permanente et passionnante qui part de M pour aller partout, comme une impro free jazz parfois dissonante et exubérante, mais où chaque nouvelle idée est la bonne.
Ce livre n’est pas un roman, ce n’est pas de l’autofiction. Ce sont le testament et la consolation d’une âme trop lucide pour notre époque aussi médiocre et décevante qu’elle est captivante. C’est unique, c’est très drôle et souvent bouleversant. C’est une colère vitale.
Une œuvre qui ne ressemble à rien et qui parle de tout.
M comme Miracle.
Christophe
retour à la liste de conseils romans