Début XXème siècle, dans le Michigan. Benjamin Purnell, barbu charismatique, un peu à la Buffalo Bill, établit une communauté religieuse. Si la promesse d’une vie éternelle (sans blague) est bien à la clef pour les nombreux résidents venant parfois de très loin, la docilité des jeunes et jolies demoiselles sera vivement appréciée par le chef de la colo (ben voyons). L’enterrement suspect d’une des « paroissiennes » ne manque pas d’éveiller quelques soupçons. Le début de la fin ?
Si la trame du gourou pervers et séducteur n’est malheureusement pas très originale (coucou Charles Manson), d’autant plus que Benjamin Purnell, ce salopard, a bien existé, le canevas que tisse Laura Kasischke autour de cette communauté malsaine est assez unique. Les chapitres sont très courts et introduits par des citations réelles de l’époque. L’auteure prouve une nouvelle fois sa force et son talent : chacun des personnages de son roman réussit en quelques lignes à envahir notre imaginaire, le trouble y est permanent. Le poison est distillé avec discrétion, parcimonie et précision. Un art d’écriture assez rare : pas besoin d’en faire des tonnes, ni dans le style ni dans le nombre de pages, pour séduire ou mettre mal à l’aise. Ou les deux, comme dans cet « Eden Spring » subtil et puissant.
Lisez tout de Laura Kasischke mais en priorité : « Rêves de garçons », « A moi pour toujours », « Esprit d’hiver », « Les revenantes » et « En un monde parfait »?.
Christophe
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