Les histoires les plus terribles ne sont-elles pas les histoires vraies ? Lire le premier roman de J. Trigell vous donnera un début de réponse…
L’intrigue se base sur l’histoire vraie de ce très jeune enfant enlevé puis tué par deux garçons d’une dizaine d’années, à Liverpool en 1993. L’auteur change très légèrement quelques détails, mais l’essentiel est là : comment ces jeunes assassins vont-ils pouvoir se réinsérer une dizaine d’années plus tard dans une société qui les vomit littéralement, la colère de la foule étant très entretenue par les immondes tabloïds anglais. Et surtout, comment pourront-ils survivre avec ce passé ?
Nous suivons donc l’histoire de A (Boy A, titre original du roman, une fois de plus nettement meilleur que la pseudo traduction que les éditeurs ont bien voulu en faire), renommé « Jack » à sa sortie de prison. Les services sociaux lui trouvent son premier boulot. Puis viennent les premières sorties au pub après la paie. Le premier amour. La vie normale petit à petit. Chapitre après chapitre, l’auteur nous dévoile le passé chaotique de ce gamin et de son terrible compagnon B, qui, lui, ne survivra pas à la prison. Une trajectoire dont on connaît déjà l’issue atroce.
C’est la position du lecteur qui extrêmement délicate ici. Que désirons-nous en lisant cette histoire ? Que Jack s’en sorte ? C’est vrai que c’est un bon gars. La vindicte populaire est décrite ici telle qu’elle doit être réellement : abominable, animale. Mais le meurtre, qu’en faisons-nous ? L’auteur ne se prive pas de nous rappeler l’horreur qu’ont connue les parents de la petite Angela Milton. De toutes manières nous ne pouvons que se laisser promener. L’auteur nous emmènera bien là où il le désire. Au bout du tunnel ? Ou vers un sans issue ?
Dérangeant. Pour le moins, sacré premier roman.
Christophe
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