Seuil
Patrick Deville a passé huit ans de son enfance dans le lazaret de Mindin, face à St Nazaire. Avec ses parents, sa tante et ses grands-parents. Au sein de cet hôpital psychiatrique, un des malades qui joue la bascule en ânonnant indéfiniment cet obscur alexandrin « Taba-taba-taba Taba-taba-taba », fascine le petit garçon. Ces souvenirs ne le quittent plus. Et à travers ce récit, l’auteur démêle la pelote d’une histoire familiale française à la fois totalement unique et universelle. Chacun d’entre nous dans ce pays ayant tout ou partie les mêmes « racines » à savoir les deux guerres mondiales, l’héritage colonial aux quatre coins du monde, et même le second Empire voire plus lointain, beaucoup plus lointain.
Aussi Patrick Deville, dans un enchevêtrement kaléidoscopique plutôt vertigineux, unit l’existence des siens à la Grande Histoire, comme on dit. (Presque) jamais on ne se lasse, tant l’intention et les propos de cet écrivain unique sont à la fois d’une richesse et d’une modestie captivantes. A aucun moment cela ne semble artificiel. C’est l’esprit de Corto Maltese : le monde pour terrain de jeu, ou plutôt comme source de questionnement perpétuel.
Passer 400 pages en compagnie de Patrick Deville c’est la garantie d’en ressortir plus fin, plus curieux. Ce n’est pas anodin, n’est-ce pas ?
Christophe
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