Peut-on faire plus efficace que ce roman contre la médisance, le persiflage, le ragot ? Philip ROTH charge de très grande manière cette Amérique bien-pensante qui juge bien trop vite les pseudo déviances de ses citoyens. Une société plus à même de s’occuper de la paille dans l’oeil du voisin que de la poutre dans le sien…
Coleman Silk, doyen d’université septuagénaire, est poussé à démissionner après avoir tenu des propos jugés racistes à deux étudiants noirs. De plus, après la mort de sa femme, il a une liaison avec une femme de ménage, prétendument illettrée, de presque quarante ans sa cadette. Aveuglé par de bons vieux principes et ne se préoccupant pas de voir plus loin que le bout de la lorgnette, son entourage proche (ex-collègues, ses enfants) lui tiendra dès lors plus que rigueur de son comportement.
Or, tout le long de cette histoire, Nathan Zuckerman, écrivain et voisin de Silk, va partir à la recherche de ce qu’a été la vie cet ex-universitaire. On découvre alors le portrait d’un individu qui a porté (trop loin peut-être) son envie de liberté face au reste du monde : une vie construite sur un secret énorme. Comme disait Brassens : « les braves gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux« … la route de Coleman Silk était trop indépendante, trop libre pour finir paisiblement.
Excellent roman.
Lire du même auteur : La bête qui meurt.
Christophe
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