Avec : Vincent Lindon, Karine De Mirbeck
Quand Thierry se retrouve au chômage à plus de 50 ans, c’est le début d’une galère ubuesque, où ce grand type aux yeux tristes d’un épagneul qui ne comprend pas pourquoi on l’a attaché à une laisse sur une aire d’autoroute, se retrouve coincé entre les formations Pôle Emploi et les entretiens d’embauche via skype qui ne mènent bien évidemment nulle part.
Thierry finit par trouver un boulot comme vigile dans un supermarché, à surveiller aussi bien les clients que ses propres collègues, notamment les caissières. Thierry accepte de se retrouver du côté du manche. C’est la loi du marché.
Quand ce film est sorti dans les salles, en bon garçon bardé d’a priori, je me suis dit « tiens voilà le film social français avec Vincent Lindon de l’année ».
Sauf que.
Ce film est d’abord une intention palpable d’un réalisateur, Stéphane Brizé, qui réussit à conjuguer magnifiquement l’intime de son personnage principal avec la violence du système dit libéral d’aujourd’hui où l’on a réussi à ce que les petits employés, les chômeurs, tous les précaires, luttent les uns contre les autres, se jalousent et même se surveillent contre un quignon de pain, ou ne serait-ce que sa promesse.
La multiplication des petites scènes, certaines en plans fixes, avec un Lindon à la fois minéral et terriblement attachant, construit les contours d’une société aliénée, un foutu asile où les matons et les fous se confondent par lâcheté ou oppression, où personne ne semble s’autoriser à la révolte, ce qui pose, vous en conviendrez, beaucoup de questions.
Ce film fort et touchant n’est pas qu’un propos, c’est aussi du cinéma. C’est en cela qu’il est réussi.
Christophe
