Avec : Joaquin Phoenix, Josh Brolin, Owen Wilson
« Doc » Sportello est détective privé, aussi junkie que désœuvré. Son ex-girlfriend débarque dans sa tanière, lui faisant part de son inquiétude pour son nouveau mec, un promoteur immobilier certainement victime d’une cabale de son épouse. Voilà. Ça c’est le pitch de départ, ça va se brouiller un peu beaucoup passionnément, plongeant « Doc » Sportello dans des chinoiseries et intrigues criminelles sombres et alambiquées. Heureusement pour lui comme pour nous, « Sortilege » (campée par la polyvalente Joanna Newsom https://fr.wikipedia.org/wiki/Joanna_Newsom), en sorte de vestale shakespearienne ou Jiminy Cricket, veille et nous guide au milieu du chantier glauque et possiblement violent.
« Inherent Vice » confirme, si besoin était, le fait que PT Anderson est vraiment un réalisateur d’une envergure exceptionnelle (jugez plutôt : « There will be blood », « The Master », « Punch Drunk Love » ou « Magnolia »). Son adaptation de ce qui doit être certainement inadaptable (Pynchon, mince !) est formidable, inventive et laisse la part belle au talent fou de ses acteurs. Un film souvent drôle mais tordu, dangereux, mystérieux et qui montre très bien, j’imagine, l’espèce de « fin de cycle » que connaît la société US à la fin des 60’s, qui se cherche entre les fonds de tiroirs de hippies en roue libre, qui ne sont plus que l’ombre de ce qu’ils ont espéré découvrir et apporter au monde, junkies pathétiques et paranos, et cette connivence impétueuse entre LAPD, FBI et autres gangsters, fraternités aryennes et consort. Pauvre « Doc ». C’est la fin des utopies et réveil est brutal.
Un film un peu entre la cruauté froide de James Ellroy et la folie grisante de l’autre Anderson (Wes).
Du très grand cinéma qui demande au spectateur à la fois du lâcher-prise et de la matière grise (je finis en rime, c’est classe).
Christophe
