Seuil
1936 Espagne. Montse quitte, avec son frère anarchiste, son petit village étriqué pour rejoindre Barcelone en ébullition. C’est une claque que la jeune fille prend frontalement, un vent de liberté insoupçonnable. La jeune femme y a envie d’aimer passionnément, le romantisme naïf et aveugle la conduisant à se retrouver enceinte. Le retour au bercail n’en sera que plus difficile. Car au-delà de la guerre civile qui commence à faire rage un peu partout, c’est aussi pour la Révolution que communistes et anars s’affrontent, d’abord par la parole et les idées puis dans les actes. Et comme dans une grande tragédie grecque, Montse se retrouve entre son frère et son mari, deux hommes, deux caractères opposés, deux idéaux de plus en plus inconciliables.
En contrepoint, Bernanos, le grand écrivain d’obédience plutôt nationaliste et catholique, qui séjourne à Majorque pendant ces années terribles, est bouleversé par la cruauté des Franquistes et de la collaboration de l’Eglise. Sa révolte conduira à l’écriture de son roman « Les grands cimetières sous la lune ».
Lydie Salvayre dissémine quelques touches de Bernanos au milieu du récit de Montse, sa mère. La « petite » histoire, la « grande », tout ça dans une langue acérée, qu’on sent profondément et sincèrement rebelle et révoltée et aussi haineuse il faut le dire – mais ce n’est pas un reproche. Un dialogue de la mère à la fille de près de trois cents pages qui touche au plus près.
Et bim, le prix Goncourt 2014 à la clef ! Au nez et à la barbe de Foenkinos.
On va « pas pleurer ».
Christophe
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