MAILMAN – J. Robert LENNON

conseil-R-LENNON

 ★★★★☆ 

Monsieur Toussaint Louverture

Albert Lippincott est facteur, d’où son surnom « Mailman ». Il habite et travaille à Nestor pas très loin de New York. Il a la fâcheuse habitude de garder une partie du courrier qu’il doit distribuer pour le lire chez lui, et pénétrer ainsi l’intimité des gens. Et ce n’est qu’une partie de la personnalité… compliquée de Mailman, pour ne pas dire carrément tordue. Quoi d’autre ? Une relation très très limite qu’il entretien avec sa sœur depuis son enfance. Aïe. Pervers Mailman ? Oh non c’est bien évidemment beaucoup plus compliqué que ça.

« Mailman » s’inscrit dans la longue lignée des livres américains en catégorie « Vie minable / Roman terrible ». Et l’éditeur Monsieur Toussaint Louverture (que j’apprécie tout particulièrement) s’est assez spécialisé dans cette affaire, en traduisant notamment des romanciers comme Steve tesich (Karoo) ou Frederick Exley (Le dernier stade de la soif).

La grande question de ces romans – et « Mailman » n’y échappe pas – est : le héros perd-il les pédales ? Est-il malsain ? Fou ? Ou bien alors n’est-il qu’une composante assez banale finalement d’une société occidentale au bout du rouleau ?

Albert « Mailman » Lippincott, qu’il soit en train de cogner son prof à la fac, de tomber amoureux de l’infirmière qui prend soin de lui à l’asile, de mater des images porno sur l’ordi de la bibliothèque municipale, de découvrir que le type à qui il pique les lettres de soutien vient de se suicider, ou qu’il décide sur un coup de tête de partir avec les Peace Corps pour le Kazakhstan (!!), ce type, donc, n’en est pas moins qu’un gars affreusement instable, maniacodépressif, alternant les décisions capitales et définitives qui ne durent que 2 ou 3 jours avec des phases de repli d’une misanthropie aiguë où il en veut à la terre entière, papa et maman en premiers, et ce, à tort ou à raison. Oui, « à tort ou à raison » car je peux vous assurer que le regard qu’il porte sur ses contemporains (la fête au début du livre, énorme) est souvent d’une justesse plaisante et rafraichissante (enfin, je trouve).

Bref, vous l’avez compris, voilà un roman très drôle, ahurissant, dérangeant, encore une de ces pépites bien vues et qui, surtout, trouvent de la profondeur grâce à cette émotion qui malgré tout réussit à en découler (si car, Mailman n’est au final qu’un type malheureux). Et c’est bien ça le plus fort.

A consommer avec modération ?

Christophe
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