Oh la bonne nouvelle ! Voyez-vous ça : après le décevant Drive (contrairement à son excellente adaptation ciné de Nicolas Winding Refn), James Sallis, auteur inclassable du roman noir, revient à son niveau qui avait fait la force inégalable et inégalée de l’immense série des Lew Griffin. Joie infinie.
Phoenix, Arizona. « Chrétien » est un vieux tueur à gages. Malade, fini. Mais quand il se fait « doubler » sur son dernier contrat, il cherche à comprendre. En plus, le travail a été mal fait : le petit comptable qu’il devait exécuter ne se retrouve « qu’à » l’hôpital. Chrétien va devoir s’exposer pour comprendre.
Sayles est l’inspecteur chargé de l’enquête, au point mort, incompréhensible. Aussi rongé par son job que par sa vie de couple, quand sa femme, malade, tente par la fuite de l’épargner. Ce qui a pour résultat l’exact effet inverse bien entendu.
Jimmie est un gamin d’une dizaine d’années, il vit seul. Ses parents sont partis, fuyant. Il n’attend plus leur retour, il s’est organisé avec l’aide de sa gentille voisine qui n’est pas dupe. Il survit d’achats et reventes sur Internet.
Quel sera le lien entre ses trois personnages ? Comme à son habitude, James Sallis semble se désintéresser de l’intrigue policière proprement dite pour nous parler de ces personnages cabossés, usés, qui, s’ils ont perdu tout espoir, n’en demeurent pas moins foncièrement humains. On est sidéré par tant de mélancolie et de justesse dans le ton. Toutes les questions ne trouveront pas forcément de réponses, il restera une part de mystère chez chacun d’entre eux, une manière pour l’auteur de nous dire à nous, lecteurs, qu’il nous est impossible de leur venir en aide, qu’ils resteront avec leurs cauchemars. Les mêmes que Sallis nous a égrainés tout le long de ce nouveau sublime roman.
Petite page interactive sur l’univers de James Sallis ici :
http://www.vivelaculture.com/le-polar-selon-james-sallis/
Christophe
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