BLAST – Manu LARCENET

conseil-BD-LARCENET

 ★★★★☆ 

Dargaud
4 volumes – série terminée

Ayé c’est fini. Souvenez-vous en 2009, Larcenet nous crachait son dégoût du monde avec le premier tome de Blast, une BD qui s’annonçait à l’image de son « héros » Polza : pachydermique, incernable, sale et complexe. Et foutrement NOIRE. On n’avait d’ailleurs pas boudé notre plaisir de lecteur (Cf. plus bas : critique à l’occasion de la sortie du 1er tome).

Et puis les volumes passant, j’avais fini par m’agacer un peu. Larcenet commençait à tomber dans des travers un peu faciles, les tirades de Polza n’apportaient plus grand-chose de neuf, notamment dans le 3ème volume, on commençait à tourner en rond. Faire du glauque et du désespéré, je ne vais pas dire que c’est à la portée du premier crétin venu, mais presque. Et je restais intimement persuadé que Larcenet et son Blast valaient mieux que ça. Il fallait donc en finir. C’est chose faite.

Aujourd’hui, à la lecture de ce quatrième et dernier tome, je suis bien content (et rassuré) que cet auteur assez particulier ait réussi son pari : à savoir donner un sens à son histoire. Je ne vous en dévoilerai bien évidemment pas une miette, mais Larcenet fait clairement des choix. Et ils ne sont pas discutables. Il aurait pu aller ailleurs, mais peu importe, c’est son histoire, c’est là que ça devait aller. Point. Et c’est pas rigolo rigolo, mais ça, vous l’aviez deviné.

Alors, non ce n’est pas un « chef d’œuvre » comme on a pu le lire ici ou là (je persiste à trouver « Le combat ordinaire » beaucoup plus gonflé, complexe et réussi). Mais oui c’est une BD unique et hors normes et qui, donc, fera date. Et avec elle, son Polza Mancini à la fois incroyablement attachant et effrayant. Si Larcenet a peut-être tué le mythe de la série « Blast » en dévoilant le pot aux roses (et je trouve ça personnellement très bien), Polza Mancini restera à jamais un révélateur de la complexité humaine, de sa folie, et de notre ressenti à son égard. Je dois avouer que j’ai plus d’empathie pour Polza à la conclusion du 4ème et dernier tome qu’à la fin du troisième… mais je commence à en dire trop.

Christophe
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Critique à l’occasion de la sortie du 1er volume

 ★★★★½ 

Polza Mancini, 38 ans, est interrogé par la police car il est le principal suspect des actes « graves » commis contre une certaine Carole. Nous n’en savons pas plus. Polza veut bien tout révéler à une seule condition : que les flics prennent le temps d’écouter son histoire… une histoire, comment dire ? vraiment pas banale…

Ah ! si Larcenet pouvait retomber sur ses pattes avec son Blast, ça pourrait nous donner quelque chose d’assez unique. Beaucoup de pistes sont ouvertes, il a l’air jusque-là de les tenir encore en laisse, espérons qu’il n’en oublie pas sur le bord de la route. C’est gonflé en tous les cas comme projet. Ca ne ressemble pas à grand chose (voire à rien) et c’est déjà un sacré atout.
Et puis graphiquement, j’ai trouvé ça souvent sublime. Ces planches, comme des respirations, au milieu de cette histoire assez étouffante, nous proposant des panoramas ruraux ou citadins, tous gris, sont excessivement belles, voire poétiques…
Quelques facilités, que l’on pouvait craindre, sont pour le moment évitées (les mange-misère notamment).
Il n’y a pas à dire, c’est un auteur qui sait trouver le ton juste dans ce qu’il veut nous raconter. Peu savent le faire (Sfar, Blain dans des styles différents, ou encore Pirus avec l’incroyable Roi des mouches… rien à voir si ce n’est… la justesse : sincérité de l’auteur et intérêt pour le lecteur !)

Christophe
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