À LA LIGNE – FEUILLETS D’USINE – Joseph PONTHUS


 ★★★½☆ 

La table ronde

Dans ces « feuillets d’usine », Joseph Ponthus raconte ses années d’intérim où il enchaîne des boulots dans l’agroalimentaire à cuire des tonnes de crustacés, à nettoyer les tripes et le sang dans un abattoir ou à remplir camions sur camions de carcasses d’animaux.

C’est un témoignage saisissant et ultra contemporain sur le déclassement social d’une partie de la population active qui, parce qu’il faut bien payer les factures et la soupe de tous les jours, se retrouve à accepter n’importe quel boulot sans aucun rapport avec sa formation.

Que l’on se comprenne bien : il n’y a rien de condescendant ni encore moins de péjoratif dans la démarche de Ponthus. C’est l’occasion pour lui de rendre hommage aux ouvriers, aux tricards des trois huit, aux conditions de travail dantesques et à cet univers aussi repoussant que fascinant. Car s’il trime à en chialer, l’auteur va aller au-delà de la résilience et faire de ce sacerdoce une force, une leçon de vie. Une vraie psychanalyse dit-il lui-même.

Mais jamais il ne se leurre, ni sur cette valeur travail abrutissante ni sur un quelconque angélisme sur ses collègues. Ce n’est pas parce qu’on est prolétaire, qu’on en est forcément moins crétin qu’un autre.

Son écriture, enfin : très particulière, sèche, comme de la prose poétique, chaque idée est mentionnée… « à la ligne ». Et multi-référencée (Baudelaire, Brel, Aragon…) rappelant au besoin à l’a fois d’où vient l’auteur et l’impérieuse nécessité du mélange des mondes.

Un livre surprenant, utile, fort et beau.

Christophe
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