Neuf portraits pour, donc, nous raconter « ce qu’est l’homme ». L’être humain ? Carrément ? Non, David Szalay est plus modeste : quand il dit « l’homme », entendez le mec, le mâle, le gars. Je ne vais pas vous faire tout le dico des synonymes.
Un richissime patron ruiné et aigri ; une sommité de prétention dont les complexes et le mal-être infinis s’échouent lamentablement dans un trou perdu en Croatie ; un étudiant qui traverse le vieux continent pour asseoir sa (déjà !) grande lassitude de tout ce cirque ; un molosse amoureux et grégaire ; un promoteur anglais qui regarde un village alpin comme le lion scrute la gazelle. Et quelques autres.
Et de l’humanité, il s’en dégage pleinement de ces neuf chapitres, avec ces types que l’on découvre donc à des âges et dans des situations sociales, familiales ou professionnelles très différents. Et l’intention que l’auteur met dans ce livre est bien du ressort du roman et non du recueil de nouvelles car ces neuf vies forment au final un tableau saisissant de la masculinité en Europe au début de notre XXIème siècle.
La comparaison avec Houellebecq saute bien évidemment aux yeux tant David Szalay y manie avec talent le quasi naturalisme de l’auteur français à épier l’étrangeté et la tristesse insondables de notre banalité masculine, que l’on soit riche, vieux, étudiant, anxieux, violent, ou tout ce qu’on voudra.
Et le bilan de David Szalay semble à la fois sévère et touché par une certaine tendresse pour ces neuf hommes qui s’avèrent finalement incapables d’être autre chose que des petits garçons perdus. Et seuls.
Un auteur à suivre.
Christophe
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