DE NOS FRÈRES BLESSÉS – Joseph ANDRAS

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 ★★★½☆ 

Actes sud

Alger, 1956. Fernand Iveton est type sympa comme tout, une crème, toujours un sourire, attentif, soucieux des autres et notamment de son adorable femme Hélène. Des traits de caractère qui le poussent à être solidaire des Algériens en particulier et de tous les hommes en général. Qui lui font croire en la capacité et surtout au droit de ce pays à vivre son indépendance pour le bien des Arabes, mais aussi des Européens, des Juifs, des Kabyles et j’en passe. Alors quand on demande à ce grand gars d’aller poser une bombe, il ne veut pas qu’il y ait de victimes, uniquement des destructions matérielles. Il choisit pour cible l’usine dans laquelle il travaille. L’opération tourne court, il se fait arrêter. La bombe n’explosera pas.

Mais rien à faire, la situation est tellement tendue, que la justice coloniale veut faire d’Iveton « le terroriste » un exemple.

Dans son premier roman, Joseph Andras s’attaque à cette histoire à la fois pathétique et exemplaire. Dans un style malheureusement trop ampoulé, trop travaillé pour être naturel (jusqu’au titre du livre), l’auteur réussit malgré tout à nous faire saisir l’essence même de la personnalité attachante d’Iveton, l’idéaliste arrêté, torturé, jugé puis guillotiné ainsi que le déshonneur du système politique colonial français, nation dont on peine à croire qu’elle est celle qui s’est levée contre le nazisme une grosse dizaine d’années plus tôt.

Absurde et kafkaïen, « De nos frères blessés » est un récit glaçant jusqu’à la dernière ligne. Une dernière ligne inachevée, tranchée d’une virgule, d’une réussite et d’une force magistrales.

Un court roman à la mémoire des René Coty, Guy Mollet et François Mitterrand, « la raison d’État » qui lui aura refusé sa grâce.

Christophe
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