Gallimard
Après Un homme et Exit le fantôme, Philip Roth quitte le thème de la maladie et de la vieillesse pour nous proposer l’histoire la courte vie d’un étudiant de 19 ans sur un campus universitaire dans les années 50.
Marcus, 19 ans, brillant étudiant, quitte le cocon familial pour une université du Middle West afin d’échapper à l’amour étouffant et paranoïaque que lui porte son père. Dès le début, on comprend que Marcus est mort durant la guerre de Corée. Il nous raconte son histoire, ses 19 années de vie et surtout sa dernière, celle durant laquelle il aurait du être major de sa promotion. Il va apprendre, au dépend de sa vie, les conséquences de ses actes et de ses paroles.
C’est à travers cette époque où règne la frustration sexuelle, le poids des traditions, le délire d’un pays qui envoie sa jeunesse prometteuse au front que Philip Roth signe ici un roman d’une force magistrale. Le grand talent de cet auteur réside encore et toujours dans son style d’écriture fluide, simple. Un vrai bonheur. A lire absolument.
Karine
Chaque roman de Philip Roth est attendu avec une impatience non dissimulée*.
L’histoire de Marcus est très certainement un peu la sienne. Celle d’un brillant jeune homme juif des années 50, de plus en plus étouffé par les carcans sociaux qui l’entourent, certains prévisibles, d’autres plus surprenants et donc blessants : la paranoïa de son père, l’intransigeance de sa mère face à sa relation avec cette magnifique étudiante au passé trouble, à la cicatrice au poignet et à la fellation inoubliable, les tutelles de l’université, faussement à l’écoute et réellement rétrogrades et réactionnaires, la frustration sexuelle qui engendre la bêtise, l’immense bêtise masculine, et enfin la guerre de Corée qui, tapie dans l’ombre, récupérera au final tous les rebuts de cette société… médiévale.
Oui, car au bout du compte, s’il est un constat que l’on se fait après la lecture de ce nouveau roman magistral de Philip Roth, c’est qu’il s’agit bien d’une chronique millénaire, celle d’un passé que l’on croyait révolu depuis la Renaissance, les Lumières, les Révolutions, le constat que les hommes en société ne progressent pas et ne le feront jamais.
Et tous les Marcus y brûleront leurs ailes, et toute leur indignation, aussi jouissive soit-elle (quelle écriture !) n’y fera jamais rien.
*Lisez ces titres disponibles à la bibliothèque : La tâche, La bête qui meurt, Complot contre l’Amérique, Un homme ou Exit le fantôme
Christophe
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