THE OFFICE (créée par Ricky GERVAIS & Stephen MERCHANT)

Le concept : une équipe télé tourne un documentaire sur la vie quotidienne dans les bureaux de « Dunder Mifflin », papèterie de Pennsylvanie. On y retrouve le boss, la secrétaire, les comptables, les vendeurs, l’équipe technique des stocks… bref toute l’animalerie que côtoie n’importe lequel d’entre nous, pour peu qu’il a la chance (infinie) d’avoir un joli métier dans ce que mon prof d’histoire-géo appelait en 1991 « le tertiaire ». Très bien, mais ce pitch bien mince nécessite-t-il vraiment plusieurs saisons ? Franchement, on a fait plus long avec pire (« Dallas », souvenez-vous). La réponse est oui, tant cette sitcom américaine est aussi ravageuse que gênante. Pourquoi gênante ? Principalement à cause du boss de la boutique, la star, le Roi des Rois, j’ai nommé : Michael Scott. Ce type est tellement couillon et imbu de lui-même, il est à la fois faussement sympa et complètement largué sur tout, ses pantomimes n’amusant que lui. Et le pire, c’est que, la série durant, l’extrême solitude de ce bon petit manager d’une succursale de province d’une boutique de ramettes de papiers, n’en devient que plus prégnante. Et ce grand c** de Michael Scott a même réussi à m’émouvoir (une fois, juré, dans la quatrième saison). Il va sans dire que la performance de Steve Carell dans ce rôle est grandiose.

A côté de ça, il y a tout ce qui fait fonctionner une sitcom : des ressorts sur tout le quotidien de ces collègues de bureau. La dragouille, les engueulades, les clans, pas vraiment grand-chose à voir avec la vente de papier d’ailleurs. Mais la réussite de « The Office », c’est ce regard cynique au final très brutal sur nous-mêmes. Beaucoup de choses vont se jouer sur des détails : un regard affolé, consterné, des silences gênants, le tout enrobé par cette fameuse exubérance que génère tout collectif, une sociabilité en carton-pâte et des objectifs stériles qui font de leur mieux pour cacher cette véritable misère de l’employé occidental : une vie faite de rites, de faux-semblants, d’ennui et de recommencements perpétuels.

Heureusement, Michael Scott veille. Et dynamite le merdier, tout seul comme un grand. Finalement, je me demande si ce n’est pas de lui que je me sens le plus proche… j’en parlerai à mon psy.
Pour celles et ceux qui me demandent des films marrants, et c’est vrai qu’on n’en a pas des masses, ben voilà : « The Office », c’est très drôle.

Christophe