3ème roman de Richard Powers traduit en français. Très attendu car c’est peu de dire que nous avions adoré son précédent : Le temps où nous chantions.
Mark, victime d’un accident de la route, ne reconnaît plus sa sœur Karin à son réveil. Un mot laissé à son chevet laisse à penser que quelqu’un aurait été présent lors de son accident. Karin va dès lors faire appel à un célèbre (et néanmoins compétent) neurologue : Gerald Weber. C’est pourtant autour de Barbara, infirmière qui s’occupe de Mark, énigmatique et dévoué personnage, que l’auteur va tisser sa toile. Une toile complexe. Car autant le dire de suite : ce livre ne s’avale pas tout seul. La collection Lot 49 du Cherche Midi n’est déjà pas réputée pour proposer des livres très accessibles, son format étant qui plus est assez pesant : écriture petite et pages assez longues. Du coup, le thème développé ne passera pas facilement.
Heureusement : dire que ce livre est magistralement écrit (et traduit) est un euphémisme. Tout le talent de romancier de Powers réside dans cette réussite : faire d’une histoire complexe sur l’identité, le cerveau et ses multiples facettes, un formidable roman sur nos incertitudes très humaines. Même Weber, dont l’approche et le recul scientifiques pourraient l’immuniser contre toute faiblesse, sera complètement retourné sur ses propres incohérences. Où l’on apprendra que les soignants et les soignés ne sont pas forcément ceux que l’on croit. Où l’on aura enfin la certitude que l’on n’en a et que l’on n’en aura jamais aucune (de certitudes). Érudit et talentueux.
Christophe
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