Les éditions de minuit
29 mai 1985, finale de la coupe d’Europe de football entre Liverpool et la Juventus. Le Heysel : que l’on soit fan de sport ou non, on se souvient tous du nom de ce stade de Bruxelles, de cette tragédie. Mauvignier nous fait suivre le parcours de plusieurs personnes : Jeff et Tonino qui viennent de Paris sans billet, Virginie et Benoît jeunes Bruxellois qui se verront faucher leurs billets par les deux précédents, Tana et Fransesco deux italiens partis en voyage de noce à Amsterdam faisant une halte à Bruxelles pour assister à la rencontre, et enfin Geoff qui va assister avec ses frères à « la finale du siècle » accompagnés physiquement ou de tout cœur par toute une ville qui respire football, qui vit football constamment – à en tuer. Les chemins vont se croiser, se heurter plutôt. Les haines du début vont se noyer dans une mélancolie qui, comme la déferlante des hooligans, va tout submerger sur son passage : Benoît ne pensera plus à se venger de Tonino qui lui a volé ses billets (et sa copine), Tana va se transformer à défaut de se reconstruire, Geoff ne se supportera encore moins qu’il ne supportait sa famille, sa ville. Le personnage le plus intéressant est justement celui de Geoff, cadet d’une famille de trois enfants. Pas plus intéressé que ça par le foot, il va suivre ses frères et leurs potes à la finale : quand ils chanteront dans le train, quand ils insulteront les passants Bruxellois, quand ils boiront, enfin quand ils tueront. Ce sont d’ailleurs les passages les plus prenants, ceux qui concernent le parcours de ces jeunes de Liverpool. Constat d’une amertume terrible, aveux d’échec de leurs vies masculines obnubilées par le foot, le foot… et quand on manque de caractère au milieu de ces fous, on se noie. La fin (sur la reconstruction de Tana) est un peu longuette… pas forcément nécessaire. L’essentiel était peut-être dit ; à chacun de se faire son avis. Choquant en tout cas.
Christophe
retour à la liste de conseils romans