Mauvignier c’est d’abord un style au couteau. Rêche. On dirait du David Peace, c’est dire si c’est du très bon.
On avait lu Dans la foule, roman polyphonique sur le drame du Heysel. Celui-ci traite de la Guerre d’Algérie ? Non, l’auteur veut nous parler des conséquences que peut avoir tout conflit sur des gamins de 20 ans. Sur le moment et quarante ans plus tard. L’histoire commence aujourd’hui. C’est l’anniversaire de Solange. Beaucoup de voisins, d’amis se retrouvent dans une salle communale pour l’occasion. Arrive Bernard, dit Feu-de-Bois, le frère de Solange. Ivrogne, marginal, sans le sou, il offre pourtant une broche de valeur à sa sœur. Malaise. Scène magistrale. Tension, on l’invite à quitter les lieux. Parmi les invités : Chefraoui, le « bougnoule« . Le mot de trop, ça dérape.
Articulé en quatre temps : » après-midi « , » soir « , » nuit » et » matin « , Des hommes va nous amener aux explications : l’essentiel de la » nuit » se passe en Algérie. N’attendez pas de révélations fracassantes sur les personnages. Pas de propos manichéens, Mauvignier renvoie les horreurs de chaque camp dans leur absurdité.
Ce livre a l’intelligence et la force de Voyage au bout de l’enfer de Michael Cimino. Que dire de plus ?
Christophe
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