Métailié
A Intraville, cité post-industrielle, d’où ne restent que friches, chômage et cancers en seuls souvenirs d’un passé chimique « glorieux », plusieurs enfants ont disparu sans laisser de trace. Et, ce qui n’arrange rien à l’ambiance déjà un peu lourde, c’est que personne ne semble s’en soucier, notamment l’inspecteur municipal de police, un homme visiblement perdu et influencé.
Léonard, jeune garçon qui s’est élevé tout seul, entre sa mère qui a quitté le foyer et son père malade, n’a pour seuls plaisirs que la fréquentation passagère d’un entomologiste et son flirt avec deux jeunes filles très différentes. Les disparitions d’enfants à Intraville l’intriguent et l’inquiètent. Aussi, malgré sa méfiance envers tous les groupes, il va se retrouver au sein d’une bande à se venger aveuglément et violemment des disparitions de leurs amis. Mais le coupable n’étant pas forcément celui qu’on croit, leur justice est tout aussi cruelle, stérile et imbécile que l’absence et le silence suspects des autorités auxquels elle voulait palier.
Voilà un roman hors-normes, excessivement noir tout en laissant entrevoir quelques éclaircies humaines à travers le regard de Léonard, un regard drôle, vif et intelligent. Le style magnifique de John Burnside est très complémentaire de cette ambiance à la fois de thriller, de roman d’anticipation et de conte. Il ne faudra pas que le lecteur résiste à ce voyage, cette plongée dans cette société déshumanisée, où les adultes ont baissé les bras devant leurs propres erreurs et leur ignominie, et où les enfants font ce qu’ils peuvent, constatant que « ça devient drôlement fastidieux d’être humain« .
Christophe
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