BEAUFORT – Ron LESHEM

conseil-R-LESHEM-BEAUFORT

 ★★★☆☆ 

Le Seuil

On pense, en lisant cet excellent roman, à Pathologies de Z. Prilepine sur la Tchétchénie (disponible à la bibliothèque). Le sujet est finalement le même : comment à notre époque des jeunes hommes sont confrontés à des conflits qui, soit les transcendent, soit les dépassent. Ici, nous nous trouvons à Beaufort, pas vraiment parmi les vaches laitières de nos alpages, mais au sud Liban, à quelques kilomètres de la frontière israélienne, dans une forteresse construite par les Croisés au XIIème siècle. Depuis l’opération Paix en Galilée (1982) Tashal occupait toute une frange sud du Liban pour protéger sa frontière nord des tirs du Hezbollah. Beaufort en était le bastion central. Ce sont les derniers mois de la présence israélienne au Liban que nous allons vivre de l’intérieur. Au milieu de tous ces jeunes gens très normaux : ils se demandent bien ce qu’ils font ici, à protéger les jobniks restés au pays qui, eux, profitent de la vie, draguent, boivent, vivent. Une haine des terroristes (« j’ai beau être un gauchiste, ça reste un arabe !« ), une haine entretenue par les doutes, la colère de voir crever les copains, mais aussi l’angoisse, la terrible peur de mourir soi-même… si jeune.
Histoire d’une guerre « pour rien » (« à quoi on sert ?« ). Ron Leshem insiste bien sur la différence qui existe entre sa génération et celle de ses aînés qui ont fait les premières guerres d’Israël : eux se posent des questions. L’idéal s’est envolé. Toute la difficulté est de savoir si c’est une bonne nouvelle. Roman de guerre, donc absurde, violent, choquant et à la fois très contemporain, au style d’aujourd’hui, ce qui nous rapproche encore plus de ces jeunes soldats.

Christophe
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