Verticales
Coca : ville imaginaire de Californie. Le Snake, maire ambitieux et un tantinet mégalo projette la construction d’un pont au dessus du fleuve. Se met ainsi en branle tout le chantier, titanesque projet. De l’architecte qui a semé sur toute la planète ses réalisations, aux ouvriers indiens, chinois, jusqu’à la bétonneuse française : se greffent, émigrent de partout, des personnages aux raisons personnelles et parfois partagées. Des portraits fabuleux, pourtant parfois anonymes, en quelques lignes, mais toujours très forts.
Voici mon coup de cœur de cet automne 2010 : un roman français ? En voilà une surprise ! Et bien détrompez-vous : Maylis de Kerangal, avec ce livre, est plus américaine que si elle était née à Boston. Je m’explique. Tout ça est très banal et archi-rabattu comme propos, mais vous conviendrez que les romans de par chez nous ont la mauvaise habitude d’être un tantinet nombrilistes, alors que les Américains n’hésitent pas à ouvrir leur fenêtre histoire d’aller voir ailleurs ce qu’il s’y passe… Et quand je dis ailleurs, ce n’est pas forcément loin, mais ailleurs dans nos esprits de lecteurs. Si la littérature est un voyage, essayons d’y lire, au moins de temps en temps, des histoires ! Oui, c’est ça, des histoires, des vraies, bref, des romans. Ce livre en regorge.
Maylis de Kerangal réussit une histoire sur l’architecture, la technique, l’espace, la géographie, le monde libéral qui s’y superpose avec arrogance et (ouf) parfois difficulté, sur les individus d’aujourd’hui. Elle battit son pont, nous parle d’animaux sociaux, d’où qu’ils viennent, quoi qu’ils fassent. Ne retenez qu’une seule chose : Naissance d’un pont est un roman magnifiquement écrit (je pèse mes mots), entier, solide, complexe, sans frontière. Un livre et un auteur qui osent et qui réussissent ce qu’ils tentent.
Christophe
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