ROUGE OU MORT – David PEACE

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 ★★★★☆ 

Rivages

Bill Shankly est le manager emblématique du Liverpool Football Club de 1960 à 1974. Il a récupéré les Reds dans la mélasse de la deuxième division pour les porter aux sommets du football anglais et européen. De l’avis de tous, il est celui qui a posé les bases de la légende de ce club hors-normes. Mais ce n’est pas forcément ce qui intéresse David Peace ici. Sinon, autant qu’il nous écrive un roman sur Bernard Tapie. David Peace tresse une grande chanson de geste, panégyrique de l’humble Bill Shankly, qui n’a pas apporté qu’une façon de taper dans un ballon à onze, mais aussi des valeurs, celles du peuple « Rouge », les « Reds » de Liverpool, les « Reds » socialistes des Travaillistes sous Harold Wilson, les valeurs de ceux qui descendent tous les matins à la mine de charbon pour pouvoir payer leur place à Anfield, les valeurs du Spion Kop qui applaudit les deux équipes, quel que soit le score à la fin du match.

Oui ce livre est le témoignage d’un autre football professionnel, vite mangé par les petits cochons, par les deux bouts. Si Bill Shankly a sa statue dans le Hall of Fame d’Anfield, plus grand-chose de ce qu’a été son Liverpool des années 60 et 70 ne demeure aujourd’hui.

C’est encore le sujet parfait pour David Peace, l’auteur génial du « Red Riding Quartet » ou déjà de « 44 jours », retraçant le passage éclair et épique de Brian Clough à la tête du Leeds United. « Rouge ou mort », c’est peu la partie lumineuse de « 44 jours », roman sombre et assez désespéré sur les prémisses de la starisation du football. « Pour une fois, je voulais écrire sur un type bien » nous dit David Peace. Et c’est bien le cas avec Bill Shankly.

Roman très épais, émouvant, profondément humain. J’y ai retrouvé le style de Peace que j’adore : ces répétitions d’abord déroutantes puis que l’on comprend comme une logique d’écriture qui nous plonge dans ces multitudes particules élémentaires du quotidien qui forgent à la fois les vies les plus simples, les épopées, les combats de tous, ou les légendes. Rien ne se fait simplement.

Bill Shankly : « La pression, c’est travailler à la mine. La pression, c’est être au chômage. La pression, c’est d’essayer d’éviter la relégation pour 50 shillings par semaine. Cela n’a rien à voir avec la Coupe d’Europe, le championnat ou la finale de la Cup. Ça, c’est la récompense. »
You’ll never walk alone, Bill.

Christophe
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