Le Seuil
Israël. Ora apprend que son fils cadet, Ofer, malgré la fin de ses trois ans de service militaire, a choisi de se porter volontaire avec Tsahal pour une mission dangereuse de quatre semaines. Ils devaient logiquement partir tous les deux, la mère et le fils, faire une randonnée de plusieurs jours. Ora choisit alors de partir quand même, pour conjurer par superstition le sort qu’elle craint plus que tout : l’annonce faite à son domicile de la mort de son fils.
Elle part alors avec Avram, le père d’Ofer. Pendant tout ce voyage de plus de 600 pages, David Grossman, reconstruit leur propre histoire douloureuse (le choix qu’Ora a fait d’épouser Ilan plutôt qu’Avram, les meilleurs amis du monde ; ses deux fils issus de ces deux pères différents) ainsi que l’histoire d’Israël. Ce pays, qui pour se défendre, choisit la force, tue non seulement les Arabes mais aussi ses propres enfants, impose une schizophrénie terrible à des gens comme Ora, qui, bien que progressiste, athée et contre toute cette horreur, n’en est pas moins mère et effrayée du sort de son fils. D’où ce choix hyper superstitieux de la fuite face à l’annonce.
Le contexte de ce livre ajoute à l’histoire une dimension pesante et édifiante : l’auteur David Grossman a appris, pendant son écriture, la mort en mission de son propre fils. Il a fait le choix d’aller au bout de ce roman. C’était ça ou la folie.
Roman à la fois épais et lent, qui ne comblera que les lecteurs qui se laisseront impressionner par Ora, par sa vie, par son pays. Le tout étant terriblement absurde, cruel et (si si) universel. Même si le cas israélien exacerbe bien évidemment le tout. Très grand.
Christophe
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