JC Lattès
L’Algérie des années 90, voilà pour le contexte. Des Algériens pris entre la tenaille islamiste, l’inertie policière et administrative.
Zakaria, après avoir été de ces fonctionnaires surdoués aux mots croisés du journal de jour, est mis sur la touche pour « services rendus« . Aussi, il continue sa vie seul après avoir perdu sa femme (morte) et ses enfants (partis) suite à une lettre de menace reçue par des islamistes. Il a connu la peur indéfectible, celle qui colle à la peau, aux os. Seul chez lui, mais très entouré dans son quartier qui garde ses problèmes quotidiens, malgré tout : les rationnements d’eau courante, les voitures qui ne fonctionnent plus, la parabole satellite qui tombe en panne et prive du coup tous les habitants des chaînes européennes… Une galerie de personnages truculents : la putain généreuse, l’islamiste pas trop regardant, le génie bricoleur… ce livre nous fait penser à l’Immeuble Yacoubian, même ambiance au fil du rasoir entre joie de vivre et extrême tension, où l’absurde (mortel tout de même) peut tomber sur n’importe qui. Même le pauvre Nasser, ce technicien du gaz, qui faisait pourtant tout pour ne pas exister, pour ne pas déplaire ni aux uns ni aux autres…
Une des forces d’un bon auteur est de réussir à nous faire rire sur un sujet lourd. Fellag est donc un très bon auteur. Un roman utile pour rappeler qu’il y a de la vie en Algérie.
Christophe
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