Le Dilettante
Il existe beaucoup de parutions sur la guerre de 14. Signalons notamment le très fort Lettres de poilus. Au milieu de toutes les éditions spéciales 90ème anniversaire de l’Armistice, un témoignage est très remarqué : celui de Gabriel Chevallier (paru en 1930), qui a participé au conflit de 1914 au 11 novembre 1918 à 11h.
Pas très motivé ni solidaire de l’élan patriotique des Français en 1914, il s’engage par curiosité (!). Resté simple soldat, car ayant des idées trop anticonformistes pour progresser dans la hiérarchie, il va subir ce conflit de plein fouet. De plein fouet, ça veut dire surtout, il tient à le souligner, en ayant PEUR. Une guerre, ce n’est pas de l’héroïsme à tout va. C’est d’abord et principalement un quotidien fait de tripes, de sang, de morts, de sacrifices des copains, des gamins, pour des raisons, des stratégies dont on discute dans des salons.
Ce témoignage est vif, bien écrit (célinien ? un peu…), acerbe et violent. On ne peut que partager la haine et le désabusement de l’auteur. Son pessimisme également. Et comme il le précise : « …se dire qu’aucune exagération, aucune invention, ne saurait dépasser en horreur la réalité. » Ajoutons la même conclusion que pour Lettres de poilus : après la lecture de ce livre, la haine de toutes les guerres n’est plus une coquetterie mais une évidence saine pour chacun.
Christophe
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