Folio
Nous ne rentrerons pas dans le débat qui consiste à savoir s’il faut lire les oeuvres d’un auteur que l’on sait antisémite. Ou plutôt : nous apportons de fait par cette critique une partie de réponse : ce livre est époustouflant. De rage non contenue, le style est d’ailleurs absolument unique, essoufflant, épuisant…
Nous suivons les pérégrinations du jeune Ferdinand au mile de personnages tous plus effrayants et crédibles les uns que les autres : son père, bonhomme humilié au boulot et violent à la maison ; sa mère, très diminuée physiquement, qui ne sait plus où se placer entre les colères de son mari, son travail qui ne rapporte rien et son « incapable » de fiston; l’énigmatique et magnifique Nora Merrywin… puis enfin, dans la deuxième partie du livre : le génial et étrange Jean Martin Courtial des Pereires (rien que ça), espèce de savant fou qui prendra sous son aile ce gamin dont plus personne ne sait que faire… jusqu’à la chute finale.
C’est une description du petit Paris populaire d’avant guerre (la Première !) absolument terrifiante. Des conditions de vie comme celles-ci ne pouvaient guère engendrer de la tolérance…
Conclusion : Céline est un auteur absolument unique et formidable. On ne peut pas dire que le reste ne nous regarde pas, mais il est souhaitable de savoir en faire abstraction pour profiter de l’énorme plaisir de son écriture.
Christophe
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