Casterman / 12 bis
6 volumes – série terminée
Avec cette fin du Cycle de Cyann, François Bourgeon nous montre que finalement il est un être humain. Il sait être médiocre. Ça me le rendrait presqu’encore plus sympathique. Car, au regard de son œuvre (« Les Passagers du vent », « Les compagnons du crépuscule » et enfin ce « Cycle de Cyann ») il a imposé un style à son dessin et ses histoires d’une recherche et d’une intelligence, d’une complexité sans égale (pauvre Léo avec ses mondes d’Aldébaran à côté…)
Mais si les deux premiers tomes de ce « Cycle » sont un exemple de ce que peut produire la SF quand elle veut se donner les moyens et le temps (« La sOurce et la sOnde » et « Six saisons sur IlO »), les quatre suivants sont, si ce n’est dénués d’intérêt, en tout cas victimes de trop de construction et paradoxalement trop rapides. Les mondes créés par Bourgeon et Lacroix sont tellement réfléchis que de nombreuses pages virent à la description naturaliste hyper détaillée d’abord passionnante puis assez vite répétitive et enfin rébarbative. Et, du coup, on se désintéresse des aventures de Cyann la voyageuse dans le temps et l’espace, plantureuse et crâne de bois. Les drames qu’elle vit perdent de leur épaisseur. On enchaîne les mondes, les aventures, les trouvailles n’en sont plus, et on a hâte que ça se termine. Quel dommage.
Resteront ces deux premiers tomes, formidables et à relire. Ils se suffisent largement à eux-mêmes.
Critique à l’occasion de la sortie des deux premiers volumes
Il est ennuyant ce Bourgeon, il ne sait pas faire de mauvaises BD. Après la fresque historique des Passagers du vent, le fantastique des Compagnons du crépuscule, il s’est attaqué depuis quelques années, avec Claude Lacroix, à la SF : voici donc le Cycle de Cyann. Énorme histoire dans un monde complètement reconstitué jusque dans les moindres détails (à l’instar des plus grandes séries de la littérature SF : Dune, Hypérion). Cyann et ses congénères effectuent une véritable quête du Graal : trouver sur la planète IlO de quoi créer un vaccin contre une étrange maladie qui décime exclusivement la population masculine. Les personnages ne sont pas stéréotypés (Cyann est une véritable tête de mule), rien n’est acquis (le voyage sur IlO ne se fait pas d’un claquement de doigts), tout est crédible dans cette magnifique épopée. Une des meilleures séries SF de la BD (la meilleure ? faudrait avoir tout lu pour juger…)