P.O.L
Sous couvert de suivre les traces du jeune Lawrence d’Arabie, Jean Rolin en profite pour faire la visite des châteaux des croisés au Proche-Orient. Avec ce livre digressif en diable (qui n’est pas un roman, mais bon), c’est l’occasion pour le lecteur curieux et badin de se laisser promener intelligemment dans cette région qui draine avec elle tous les clichés, les fantasmes et, encore aujourd’hui, les peurs (lisez « Boussole » de Mathias Enard ou « Beaufort » de Ron Leshem).
Syrie, Jordanie, Israël, Liban. Nos illuminés aïeux ont laissé quelques belles places fortes en Terre Sainte : prises, reprises, re-reprises. On savait déjà bien s’amuser à l’époque. La géographie très intime de Jean Rolin n’oublie cependant pas de se rappeler occasionnellement à l’actualité. Il a de quoi faire mais use plus de l’esquisse que de la porte ouverte, et c’est tant mieux.
« Crac » (quel titre !) illustre au final une vision journalistique dans son sens le plus noble : curiosité et rendre compte.
Enfin : le style ! Jean Rolin est de ces auteurs contemporains qui écrivent avec le sourire en coin. Un peu comme Patrick Deville (« Peste et choléra ») ou Jean Echenoz (« Des éclairs »). Fureteurs, espiègles, suffisamment brillants et raffinés pour nous éviter les pensums qui leur tendent les bras, cette petite troupe d’écrivains a la classe.
Jean Rolin est un type élégant, son « Crac » en est la preuve. C’est rare.
Christophe
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