Actes sud
Carrie et Meadow, jeunes amies cinéastes, abordent la création artistique à leur manière. La première, empathique et attentive, se dirige vers des comédies intelligentes et féministes ; la seconde, plus égocentrée, privilégie le documentaire exigeant, à la limite du regard moralisateur.
Parallèlement nous suivons Jelly, quinquagénaire malvoyante qui, ayant développé à travers son handicap une attention particulière pour les sons et les voix, se fait fort de séduire des hommes seuls au téléphone. Une autre façon de créer ou de spolier.
Quand Meadow décide de réaliser un film sur Jelly, les masques tombent et les artifices se dévoilent. Comme un réveil après un mauvais rêve.
Il n’y a pas d’innocents dans ce dernier livre de Dana Spiotta. Ne restent que « les autres » avec qui il faut composer. Encore et encore.
Et, semble nous rappeler l’auteure : aussi incroyable que cela soit (l’enfer dans « Huis clos » de Sartre, n’est-ce pas ?) c’est certainement ce qui nous sauve.
Voici un roman typiquement américain par son intention chorale, multi référencée et très intellectuelle. Et ça fonctionne très bien. Dana Spiotta, écrivaine adoubée par Don DeLillo, est suffisamment subtile et sait très bien ce qu’elle a à nous dire pour pouvoir digresser sans nous perdre.
Un grand livre sur le cinéma, notre rapport aux autres, la transmission et le sens de la création.
Christophe
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