Flammarion
Florent-Claude est dépressif, employé du ministère de l’agriculture, il vit avec une Japonaise deux fois plus jeune que lui dont les infidélités sont excessives et franchement rigolotes ou pathétiques. Et, disons-le, il s’emm… dur. Et F.-C. va disparaître de son monde, le nôtre, une première étape vers la reconstruction ou vers le suicide ? Suivons-le gaiement.
Comme l’a écrit Philippe Lançon à propos de ce nouveau Houellebecq (le premier depuis « Soumission »), quand on le commence on a l’impression d’enfiler de vieux chaussons, on s’y sent bien, pas surpris. Et c’est vrai que la première partie de ce roman est ultra-houellebecquienne. Elle ravira ou irritera. Ou lassera. L’auteur est malin, il remplit un faux cahier des charges pour mieux faire causer.
Mais c’est réellement dans la seconde moitié que « Sérontonine » prend de la valeur. Car Houellebecq et son « héros » contemporain y traversent main dans la main vers la lumière, l’amour (la perte inconsolable de Camille) et donc vers une certaine rédemption. Si tant est que cela fusse nécessaire. Quelques passages fulgurants rappellent que cet auteur n’est pas qu’un singe dans sa cage médiatique mais bien un des très grands.
Et le propos reste très politique. Visionnaire ? Gilets jaunes avant l’heure ? Arrêtons avec ça. La description du malaise paysan est certes juste. Mais Michel Houellebecq demeure surtout le révélateur génial de la tristesse contemporaine, aussi il lui est facile d’anticiper nos tectoniques qui sourdent, tapies sous une épaisse couche de sédiments de vacuité, de misère et d’ennui.
Christophe
retour à la liste de conseils romans