Dargaud
Catherine Meurisse revient sur son enfance où, sa sœur et elle, ont grandi dans une maison à la campagne, retapée petit à petit par ses parents. Le jardin semble immense, recelant à la fois recoins de taillis, de haies mais aussi espaces arborés. L’endroit idéal pour les deux frangines curieuses, construisant mille mondes réels ou imaginaires. Mais ce n’est pas qu’un lieu fantasmé, une utopie. « Les grands espaces » de Catherine Meurisse sont aussi ceux du remembrement et des pesticides, les deux saloperies qui ont flingué après-guerre la richesse et la beauté des campagnes en France.
Depuis « La légèreté », dans lequel elle revenait sur sa reconstruction après le massacre de Charlie Hebdo, Catherine Meurisse a appris à parler d’elle. Et quand on lui dit souvent qu’elle a eu de la « chance » (!!) de ne pas avoir été assassinée avec ses amis de Charlie, elle en reste abasourdie. De la chance ? Avec « Les grands espaces », cette formidable artiste semble se réapproprier cette idée de « chance » qui avec ces années d’enfance dans ce lieu, lui fut vraiment accordé.
Un ouvrage d’une finesse rare, d’un ton juste encore une fois, oscillant entre la voix off de l’adulte et le regard de l’enfant. Catherine Meurisse qui fut l’une des plus grandes caricaturistes de Charlie Hebdo est en passe de devenir une auteure majeure à tout point de vue.