Avec : Tadanobu Asano, Mariko Tsutsui, Kanji Furutachi
Toshio et sa femme Askié vivent paisiblement avec leur fille Hotaru. Quand j’écris « vivent paisiblement », c’est une manière de dire qu’il ne se passe quand même plus grand-chose dans leur couple entre le petit atelier métallurgique, les leçons d’harmonium de la petite, la prière avant manger ou les actions caritatives chez le pasteur. Puis débarque de nulle part Yasaka, un ami de longue date de Toshio. Contre toute attente, ce dernier lui offre un job et même le couvert et un toit. Passée la surprise, même Askié semble s’attacher à cet inconnu charmant, disponible et très proche de sa fille. Mais, et c’est le moins que l’on puisse dire, un certain malaise s’installe et gangrène. Qui est ce type et quelles étaient ses relations exactes avec son « ami » Toshio ?
Après le splendide « Sayonara », Kôji Fukada repart fouiller les tréfonds de l’âme humaine à sa façon, cette fois à travers le prisme de la famille : silences, non-dits, puis dette, rancœurs et violence, à la fois morale et physique. Si dans l’histoire naturaliste que raconte la petite Horatu à sa mère au début du film les bébés araignées mangent leur mère pour pouvoir grandir et conquérir le monde, à l’inverse, dans ce glaçant « Harmonium », les enfants semblent être l’objet du refoulement des adultes tant ceux-ci sont prisonniers de leurs fautes et de leur lâcheté. S’en suivent alors des essais de rédemption qui n’en seraient que pathétiques s’ils n’étaient pas si ignobles.
A l’image de cet instrument de musique qui donne son titre au film, si l’approche d’ « Harmonium » s’avère être avenante et polie, un peu désuète (je nage en plein cliché japonais, pardon !), il devient très vite dérangeant.
Et au final très violent.
Christophe