Actes Sud
Ce roman commence le 24 février 1933 au Reichstag où les grands pontes de l’industrie allemande viennent rencontrer, sur invitation de Göring, le nouveau chancelier Adolf Hitler. D’abord un peu incertains, ces Krupp, Von Opel et toute la compagnie repartent rassurés, pour ne pas dire carrément sous le charme, par tant d’enthousiasme politique. Ce premier chapitre est une merveille de description des petits jeux psychologiques et mécanismes d’influence qui se jouent dans un groupe à la fois comme entité unique ainsi que somme d’individualités. Un exercice où excelle Éric Vuillard. Qui ne s’arrêtera pas là. Ce petit livre déroule par le menu les désormais fameux compromis qui ont permis l’indicible, comme si nous étions. Du Reichstag à Munich en passant par l’humiliation domestique de Chamberlain par Ribbentrop au 10, Downing Street, nous voyons comment tous ces braves gens ont eu, comme l’aurait si bien dit Churchill, à choisir entre le déshonneur et la guerre pour récolter les deux au bout du compte.
Après « 14 Juillet », Éric Vuillard confirme son talent exceptionnel de conteur humain, précis et édifiant. Chaque mot dans chaque phrase semble pesé et pertinent : une véritable leçon de chose pour nous lecteurs de 2017.
Christophe
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