Avec : Viggo Mortensen, Frank Langella, George MacKay
Ben élève seul ses six enfants dans un endroit reculé. Et quand je dis « élève », c’est la totale : éducation, sport, éveil, philosophie de vie et toute la panoplie du futur boy scout. Un seul but : faire de sa descendance des personnes curieuses, critiques et autonomes. Un état d’esprit au minimum louable, sinon passionnant. Au moins sur le papier. Car, comme dans toute forme d’éducation, si celle-ci ne prend guère en compte les différences individuelles, elle peut (et va) se manger quelques murs. La maladie puis la mort de la mère des enfants va contribuer à confronter toute la smala au satané (sens propre) monde réel. Pour le meilleur et pour le pire.
Le gros atout de ce film, dont on pouvait clairement craindre le pire, est de rester jusqu’au bout loin du panégyrique bêta et illusoire d’un type hors normes. Matt Ross montre bien que le « captain fantastic » campé par un Viggo Mortensen toujours au top, a bien les qualités et les défauts d’un homme (trop) séduisant et (trop) influent. Et que s’il y a du « fantastic » chez Ben, il y aussi le côté « captain », terme qui nous renvoie plus vers l’autorité, le militaire et donc l’arbitraire. Et qu’aussi louables soient la plupart de ses idées, les imposer, surtout à des gosses, revient à se comporter ni plus ni moins qu’en tyran (vous me direz que la famille et l’éducation reposent de fait sur un minimum de tyrannie et d’arbitraire, ce à quoi je ne pourrai pas trop vous donner tort… long débat, on reprendra plus tard.)
Notons enfin une galerie d’acteurs secondaires vraiment chouette (on retrouve notamment avec plaisir Franck Langella magistral dans la série « The Americans », ou la désormais fameuse Ann Dowd très impressionnante dans « The Leftovers », « Masters Of Sex » ou « The Handmaid’s Tale »).
Christophe