Dargaud
Christophe André (non pas le gentil psy, un homonyme) est responsable d’une ONG dans le Caucase. Une nuit, il se fait kidnapper. Comme le poilu parti la fleur au fusil en quatorze, il est persuadé que ça va vite se terminer, qu’on va le sortir de là presto. Erreur. Le voilà menotté à un radiateur, allongé sur un matelas. Les contacts avec ses ravisseurs sont tendus, taiseux et incertains. Et le temps passe, très très… très lentement.
Et c’est là que se trouve la principale réussite de l’adaptation de cette épreuve hors du commun par Guy Delisle : le rendu de ce temps long, sans balises ni repères. Les pages semblent, au moins dans la première partie, être parfois photocopiées les unes aux autres. Une répétition qui, si elle use le lecteur, apparaît donc comme le gage de l’efficacité de ce témoignage. Reste alors au malheureux otage de trouver la solution et le courage pour « s’enfuir ». Si ce n’est pour lui, au moins pour nous-même. À la différence non négligeable que l’on ne subit, contrairement à Christophe André, que par identification cette négation de notre humanité. Encore une réussite pour Guy Delisle, un témoignage saisissant comme on dit au journal de treize heures.