Allia
Quand on est un gosse et qu’on passe son enfance à La Fourrière, trou paumé parmi les trous paumés, il arrive que les étés sentent la charogne. On s’y emmerde assez profondément, mais sans nécessairement s’en rendre compte, car il y a toujours un clebs à caillasser, des os à déterrer ou un pote à cogner. Ou encore un tas de charognes pour s’amuser « comme des cons » au « jeu de l’Arabe ».
Mais comme dirait C Jérôme, quand viendra la fin de l’été, la fin de l’enfance, il faudra bien pour tous ces merdeux quitter le village. Et si les rapports y étaient sanguins, brutaux, voire animaux, ça restait de foutus liens humains. La solitude du béton sonnera alors pour beaucoup la fin de la récréation. Comme dirait de Gaulle.
Un récit à la première personne d’un jeune auteur : Simon Johannin. Comme dirait Tyrion Lannister, voilà un petit bouquin aussi court que fort. Une langue célinienne (presque) sans frime où la gouaille se mélange à la poésie avec un naturel déconcertant. La colère y côtoie le rire franc et l’émotion brute. Un exemple parmi d’autres : la page 40 sur sa mère est à la fois universelle et totalement unique.
Ce livre merveilleusement édité (éditions Allia, parfaites comme d’habitude*) contribue à nous faire croire encore aux très belles surprises.
* Et 10 € le bouquin ! Quand on pense aux palettes de gros pavés uniformes à 25 balles sur les étals du libraire, on se dit que la valeur de la littérature n’attend pas forcément le nombre des euros. Ni celui des pages.
Christophe
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