Gallimard
Angleterre, 1924. Le 30 mars pour être plus précis. C’est le Dimanche des mères, jour où les aristos accordent gracieusement un congé à leur petit personnel de maison. Jane, servante chez les Niven, sait qu’elle en profitera pour rejoindre une dernière fois Paul Sheringham, son amant de bonne famille, promis comme il se doit à une jeune femme de son rang. Elle le rejoint chez lui, leur matinée est belle et ardente, vous imaginez bien. Puis il part, rattrapé par ses obligations, la laissant seule, nue, déambulant dans cette grande et belle maison. Elle ne sait pas encore que ce « Dimanche des mères » va bouleverser sa vie à jamais.
La description que fait Graham Swift de cette société anglaise d’après-guerre est une merveille de finesse. Plus rien n’est pareil : des enfants sont morts au combat en France, la société se modernise et les domestiques s’avèrent être beaucoup plus forts, pertinents et ancrés dans la réalité à la fois intime et sociale de ce nouveau monde que cette aristocratie moribonde et paniquée. Un vrai régal.
Dommage que l’auteur se soit égaré sur le destin d’écrivain de Jane, que j’ai trouvé inutile et, pour le coup, banal dans son propos. L’amour que la jeune servante portait aux livres déjà en 1924 était tellement suffisant pour nous faire entendre sa singularité intellectuelle.
Christophe
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