C’était à craindre.
Cela fait plus de vingt ans que la bibliothèque met à la disposition de ses lecteurs une boîte à livres, sorte de grosse boîte postale mais pour y déposer, comme il se doit, des livres (ou films ou disques, parfois un mouchoir usagé) à rendre. Un bidule somme toute assez ordinaire, tout le monde en conviendra. Et bien pratique ma foi. Et puis voilà qu’au bout de ces vingt et quelques années de bons et loyaux services, la tentation finit par être trop forte pour ce qui, à mes yeux, a toujours représenté la lie de la race humaine, à savoir cette presque moitié de notre espèce qui se plait généralement à vivre de manière grégaire, bruyante voire alcoolisée afin de compenser, comme l’a très bien démontré tonton Sigmund la perte définitive des douceurs, flancs et mamelles maternels. On en croise assez souvent, et si l’on ne les remarque plus, ce n’est dû qu’à une habitude trompeuse. Car ils sont là parmi nous, laids et crétins comme jamais, j’ai nommé (sous vos applaudissements timides) : les mecs. Les hommes. Les gars.
Or, donc, oui oui : la tentation fut trop grande. Car le mec, s’il a ce petit bout de tuyau qui lui pend entre les jambes et qu’il ne lui sert guère plus qu’à évacuer régulièrement quelques déchets urétiques fabriqués par son métabolisme bien imparfait, la frustration induite pousse alors notre ami à le faire du coup n’importe où ailleurs que dans les toilettes que son épouse (maman, bobonne, nounou, au choix) avait pourtant pris soin de lui laver le matin-même. Et notamment, par l’orifice de notre boîte à livres qui s’en retrouva fort humide et, poliment dit, répugnante.
On pourrait conclure bien des belles choses sur l’imbécilité masculine, le bien public, le respect, l’énurésie, l’impuissance, la frustration et j’en passe, mais on passerait à coup sûr pour des intellos, ce qui, par ces temps troublés où la bêtise semble donc avoir pignon sur rue, ne nous vaudrait rien de bien estimable. Du coup, nous nous abstiendrons et nous en tiendrons à de laconiques et néanmoins sincères excuses pour la gêne occasionnée suite à l’indisponibilité de cette pourtant bien utile boîte à livres. A suivre.
Christophe